"Manzor Mob" l'autre "Merveille" d'une autre génération ?


Dans le paysage musical béninois, certaines similitudes traversent les époques et créent des ponts inattendus entre les générations. C'est le cas troublant entre Manzor Mob, jeune prodige de la musique urbaine actuelle, et Merveille, l'iconique leader du légendaire groupe Apouké. Deux artistes, deux époques, mais une même soif de liberté qui les unit autant qu'elle les fragilise.

Deux visages pour des âmes artistiques similaires

Le parallèle peut surprendre au premier regard, mais il suffit d'observer attentivement Manzor Mob et Merveille pour saisir cette ressemblance troublante qui dépasse le simple physique. Né à Porto-Novo sous le nom de Mansourou Ayinla Akorede Fagbemi, Manzor Mob incarne aujourd'hui ce que Merveille - de son vrai nom Merveille Davy Kokou Zinsou- représentait dans les années 2000 : l'incarnation de la liberté artistique béninoise.

Cette ressemblance ne se limite pas aux traits du visage et ou à la silhouette. Elle s'exprime surtout dans cette aura de rebel artistique, cette capacité à bousculer les codes et à imposer sa vision créative, quitte à déplaire ou à choquer.

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Merveille : Talent iné, "Paresseux" et rebel

Dans les années 2000, Merveille était le visage et la voix du groupe Apouké, ce trio mythique créé en 2003 aux côtés de Kékéli et Fikira. Sous son impulsion, Apouké est devenu bien plus qu'un simple groupe musical : un phénomène social qui divisait autant qu'il fascnait.

"Sous l'impulsion de Merveille, alias Yémandja le Messager, autant critiqués qu'adulés, ils ont réussi à marquer leur époque"

Sa liberté artistique était totale : mélange de musique traditionnelle et moderne, références spirituelles assumées, performances scéniques surprenantes. Cette audace lui a valu autant d'admiration que de controverses, notamment ses démêlés judiciaires qui ont marqué sa carrière.

Manzor Mob : L'héritier contemporain ?

Vingt ans plus tard, Manzor Mob semble emprunter des chemins similaires,- et pas d'amalgame- au-delà de la dimension spirituelle affichée et assumée de "Merveille", avec la même détermination à ne pas rentrer dans les cases. Ex-sociétaire du label Blue Diamond, ce jeune artiste de la musique urbaine béninoise aux racines yoruba affiche la même polyvalence créative que Merveille.

La polyvalence de Manzor Mob révèle sa capacité à naviguer entre rap, afrobeat et influences traditionnelles. 

Comme Merveille en son temps, Manzor Mob refuse de se limiter à un style ou un registre. Cette liberté créative fait sa force mais génère aussi des incompréhensions et parfois des tensions avec l'industrie musicale.

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La liberté artistique : Force et faiblesse

Cette soif de liberté créative constitue paradoxalement le point fort et le talon d'Achille de nos deux artistes. Elle leur permet de créer des œuvres originales et marquantes, mais elle complique aussi leur intégration dans un système musical souvent formaté.

Pour Merveille :
Sa liberté artistique l'a mené aux sommets avec des tubes comme "Africa" ou "Tata", mais elle a aussi contribué à sa chute lorsque les controverses ont pris le dessus sur la musique. Les tensions internes au groupe, les problèmes judiciaires et les difficultés financières ont fini par avoir raison de cette liberté revendiquée.

Pour Manzor Mob :
Sa rupture avec Blue Diamond en 2023 illustre parfaitement cette tension entre liberté créative, voir de vie et contraintes commerciales. "Manzor Mob et Blue Diamond : Stop et Fin !"* titrait la presse, révélant les difficultés à concilier vision artistique personnelle et exigences de l'industrie.

Deux générations, même "combat" ?

L'analogie entre ces deux artistes révèle une constante dans la musique béninoise : la tension permanente entre conformité et créativité. Merveille a ouvert la voie dans les années 2000, sous fond d'autotune, à une ère urbaine nouvelle, montrant qu'un artiste béninois pouvait imposer sa vision sans compromis. Manzor Mob reprend aujourd'hui cette démarche, adaptée aux codes de la musique urbaine contemporaine.

Tous deux partagent cette capacité à fédérer autant qu'à diviser cette aura, même si n'ayant pas le même impact,mystérieuse qui fait d'eux des personnages singulier et pas toujours pour les meilleures raiusons. Leurs parcours mouvementés, marqués par des hauts et des bas  plus ou moins vertigineux, témoignent des difficultés à maintenir cette liberté artistique dans un environnement parfois hostile.

L'héritage d'une approche artistique

Ce parallèle entre Manzor Mob et Merveille n'est pas qu'anecdotique. Il révèle l'existence d'une lignée artistique béninoise caractérisée par le refus des compromis créatifs et l'affirmation d'une identité artistique forte.

Merveille a montré la voie, avec tous les risques que cela comportait. Manzor Mob semble de tous ses voeux vouloir conserver cette précieuse liberté créative qui fait la richesse de leurs œuvres respectives.

La ressemblance troublante

Au-delà des similitudes artistiques, la ressemblance physique entre les deux hommes interpelle. Même silhouette élancée, même regard intense, même présence scénique magnétique. Même passion pour la fumette...  Cette ressemblance semble être le reflet d'une ressemblance d'âme : deux artistes habités par la même passion créative, la même volonté d'authenticité.

Elle va évidemment plus loin,  révélant l'existence d'un archétype de l'artiste béninois libre, qui traverse les générations et continue d'inspirer malgré les obstacles.

Un miroir générationnel

Finalement, Manzor Mob peut être vu comme le "reflet contemporain" de ce que représentait Merveille pour sa génération : l'incarnation d'une créativité sans limites, d'une authenticité revendiquée et d'une liberté artistique qui se démarquait.

Cette comparaison nous rappelle que, dans la musique béninoise, certains artistes transcendent leur époque pour devenir des symboles durables de la création libre. Merveille l'a été pour les années 2000, Manzor Mob saura-t-il faire mieux ? L'avenir nous le dira, mais le parallèle est déjà saisissant entre ces deux "merveilles" de générations différentes.

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